Pour la première fois, la FFVL a organisé à Lyon mi-novembre un congrès sur le thème « Voler et encadrer en sécurité avec la FFVL ».
Étaient présents les élus au plan national, les équipes technique et administrative, des moniteurs, des animateurs sécurité de club, les responsables régionaux des sites et la commission nationale Tracté.
Quatre sujets ont été proposés à la réflexion :
- ATELIER 1 : la pratique du vol libre, son évolution et sa place dans notre société ;
- ATELIER 2 : l’évolution des attentes, des besoins et des pratiques des pilotes ;
- ATELIER 3 : les spécificités et transformations du travail et de la fonction des moniteurs ;
- ATELIER 4 : le rôle des clubs et l’investissement des encadrants associatifs, les liens et complémentarités avec les écoles et plus largement les professionnels du vol libre.
Atelier 1 : La pratique du vol libre, son évolution et sa place dans notre société.
Quels futurs pour le vol libre et la FFVL ?
L’atelier a été subdivisé en huit groupes dont les thèmes d’étude étaient les suivants :
- Et si une pratique apaisée du vol libre était compatible avec la performance ?
- Et si le collectif en vol libre était bénéfique ?
- Et si les réseaux sociaux ne représentaient pas le vol libre auprès de la société ?
- Et si le vol libre était une activité transgressive ?
- Et si le vol libre était socialement acceptable ?
- Et si le vol libre était sans risque ?
- Et si on renommait la FFVL ?
- Et si la FFVL n’existait pas, que serait le vol libre ?
Les avancées proposées à partir des huit thématiques :
Le « jeu » pour chacun des participants consistait à inscrire sur une ou plusieurs étiquettes les termes venant à l’esprit sur le sujet, puis en en débattant, à les regrouper par ordre d’idées, ceci avant de condenser chaque groupe de termes en un minimum de concepts.
Sans détailler le résultat complet des réflexions, il est ressorti ce qui suit.
Prendre du plaisir, se passionner pour une activité et partager dans une communauté bienveillante peut constituer une performance en soi.
Le monde évolue, le vol libre aussi, et il s’agit de combiner le pilote, le matériel et l’environnement, rendre le collectif vertueux.
Et si la FFVL n’existait pas ? Accidentalité et mercantilisme augmenteraient, ce collectif auquel nous sommes attachés régresserait, les rapports de nos pratiques avec la société en seraient remis en cause et notre activité serait menacée. En corollaire, la responsabilité de l’organisation reviendrait à la base et il pourrait en sortir un tas de bonnes idées à diffuser à l’ensemble de la communauté.
La fédération de demain doit véhiculer sérénité, apaisement, sachant que l’absence de risque n’existe pas dans nos activités, lesquelles ne seront jamais des activités comme les autres ; autorisons-nous cependant à imaginer que le vol libre soit une activité comme les autres…
Changer le nom de la FFVL ? Que veut-on alors y mettre ? Si on oubliait les termes « vol libre » pour ne garder que le sigle FFVL en y adjoignant ceux de parapente, delta, kite … ? Ou bien on changerait de mots pour « FF d’ailes sans moteur », « FF de vol léger ».
En conclusion, les thèmes revenus le plus souvent dans les débats de groupe sont ceux de cohésion, attention à l’autre, intelligence et vertus partagées.
Un court débat a suivi dont il est ressorti que le terme « libre » de notre nom pose question, tout comme celui de « vol » a-on aussi entendu ; « vol loisir » a notamment été proposé. La question de la réglementation est posée : légèreté d’un côté, contrainte de l’autre… veut-on aller vers plus de réglementation ? L’opposition contrainte/liberté est illusoire dès que l’on suppose par exemple la circulation routière sans code de la route… Faisons progresser notre réglementation en évitant d’édicter des règles que nous n’aurions pas les moyens de faire appliquer.
Atelier 2 : l’évolution des attentes, des besoins et des pratiques des pilotes
Déroulé de l’atelier 2 :
Travail sur une situation fictive : une fédération sur une autre planète veut réduire son accidentalité en agissant au niveau des pilotes. Elle a identifié cinq axes de progression :
- le cross en montagne est la pratique la plus accidentogène > comment encourager les autres pratiques ?
- la plupart des accidents sont dus à des défauts d’analyse et/ou de prise de décision > comment aider les pilotes à progresser en analyse/prise de décision ?
- le niveau de formation moyen des pilotes est faible > comment inciter les pilotes à se former plus (initiale et continue) ?
- la pratique individuelle est plus accidentogène que la pratique cadrée par un collectif > comment inciter les pilotes à voler plus en collectif ?
- la sécurité est perçue comme liberticide/anti performance par une partie des licenciés > comment changer l’image de la sécurité ?
Groupe divisé en cinq, chaque sous-groupe travaille sur un des axes avec pour consigne de trouver des mesures concrètes pour progresser.
Phase de créativité avec des post-it, suivie de phase de vote des trois mesures jugées les plus intéressantes par chaque sous-groupe (5 x 3 = 15 mesures choisies en tout).
Retour en « plénière », où les 15 mesures choisies sont collégialement positionnées sur deux axes :
- Facile à mettre en œuvre < – > Difficile (axe vertical)
- Efficace pour réduire l’accidentalité < – > peu efficace (axe horizontal)
Exemples de mesures proposées :
Quadrant en haut à gauche (facile à faire mais peu efficace) :
- plus de communication de prévention verticale (type aigle futé) – communication descendante type « Voler tue ».
Quadrant en haut à droite (facile à faire et potentiellement efficace) :
- instaurer un système de parrainage / compagnonnage dans le club (binôme parrain-filleul) ;
- mettre en place des systèmes variés et attractifs (simples et conviviaux) de retour d’expérience sur les incidents vécus ;
- favoriser les moyens d’échanges en vol sur les conditions (rendre la radio obligatoire ?) en cross (efficacité moyenne) ;
- présenter de façon institutionnelle tous les modes de pratique (autres que le cross) durant le cursus de formation et lors de « journées découverte » ;
- imposer une durée maxi limite pour passer d’un niveau de brevet à un autre et imposer un recyclage des pilotes ayant le BPC.
Parmi les autres idées :
- créer des animations / évènements autour des facteurs sécurité (difficile – efficace) ;
- redéfinir la notion de « bien voler » de façon personnalisée (peu facile, efficacité moyenne) ;
- débusquer les erreurs liées à l’égo du pilote (pas facile, efficacité moyenne) ;
- imposer un niveau de pratique défini pour voler sous des ailes exigeantes (exemple sous EN-D uniquement si BPC) (non évaluée).
La tentation de réglementer peut être forte…
Contraindre ou convaincre : l’éternel débat…
Atelier 3 : Les spécificités et transformations du travail et de la fonction des moniteurs
Les idées principales évoquées lors de l’atelier :
- La performance actuelle des ailes école est-elle un élément de sécurité ou au contraire un facteur d’accident ?
- Renforcer les liens avec les pouvoirs publics afin d’obtenir de vrais « terrains de sport ».
- Les moniteurs pensent manquer de rigueur aéronautique. Sans doute un point à améliorer.
- Rediscuter les temps d’apprentissage et à l’image de ce qui peut se faire en Suisse augmenter les temps de formation.
- Les écoles ne sont sans doute pas assez organisées pour individualiser l’enseignement.
- Faire en sorte d’améliorer la liaison « école professionnelle – système associatif » afin de proposer un véritable parcours de formation continue.
- Rediscuter les priorités en termes de compétences lors des apprentissages, la priorité étant sans doute de former un pilote conscient de ses choix en rapport avec son niveau de pratique.
- Cela sous-entend d’orienter notre enseignement de façon plus évidente vers les facteurs humains.
- À l’image de ce que l’on demanderait à un élève, le moniteur doit également être capable d’analyser sa pratique d’enseignant et de s’orienter vers le renoncement lorsque la sécurité l’impose.
Atelier 4 : le rôle des clubs et l’investissement des encadrants associatifs, les liens et complémentarités avec les écoles et plus largement les professionnels du vol libre.
Tour de table
Taille (nombre d’adhérents), bénévoles actifs (% des adhérents), encadrement (moniteurs, animateurs sécurité, accompagnateurs, biplaceurs…), gestion de sites (fréquentation, relations avec les propriétaires…), relations avec les professionnels (proximité géographique et/ou proximité dans des actions ?).
Comment appréhendez-vous la notion de sécurité dans vos clubs ?
Comment vos clubs et leurs différents encadrants se positionnent-ils ? Quelles sont les problématiques rencontrées ?
Quels outils utilisez-vous et/ou dont vous souhaiteriez disposer ?
Avec quoi, qui et comment prenez-vous en compte cette thématique et contribuez-vous à la diminution de l’accidentalité ? Qu’attendez-vous de la FFVL dans ce domaine ?
Que pensez-vous apporter à la communauté FFVL ?
POINTS MARQUANTS DES DÉBATS
Diversité du fonctionnement des clubs
Les clubs ne sont pas tous également dimensionnés. Ils ont des approches et des organisations parfois différentes.
Les clubs font face à plusieurs problématiques
Difficultés pour recruter des encadrants bénévoles volontaires. Moyens limités quant à l’accompagnement des jeunes pilotes. Difficultés pour impliquer l’ensemble des adhérents et pour identifier/toucher les nouveaux pratiquants licenciés.
Diversité des outils utilisés par les clubs en matière de sécurité
Les clubs mènent de nombreuses actions dans ce domaine et évoquent le besoin de partager les initiatives menées : sorties et journées sécurité, pliage des secours, briefing sécurité, journées de reprise, tracking, REX, journées « Voler mieux », cours théoriques (météo, réglage sellette, facteurs humains)… Les clubs utilisent des outils de terrain diversifiés et développent parfois leurs propres outils : check-list prévol, outils mnémotechniques… Le rôle des animateurs sécurité est jugé important afin d’informer et transmettre les outils autour de la notion de sécurité.
PERSPECTIVES
Renforcer la valorisation des formations fédérales
L’objectif étant de séduire davantage de volontaires pour s’engager dans nos formations.
Accompagner les stratégies de communication des clubs à destination de leurs adhérents.
L’objectif étant de trouver des solutions visant à impliquer le plus grand nombre d’adhérents et notamment les nouveaux licenciés du club.
Développer une culture de la bienveillance autour de la sécurité
L’objectif étant de changer notre approche dans ce domaine afin d’aborder les sujets de sécurité avec bienveillance.
Contribuer à mieux harmoniser les outils de terrain utilisés par nos clubs
Il pourrait être intéressant d’harmoniser certains outils utilisés par la majorité de nos clubs (comme par exemple les checklists).