Dans le Sud-Est, et plus encore dans les Alpes-Maritimes, nous avons tous les atouts pour rendre jaloux le reste de la communauté du vol Libre :
- des sites qui ne connaissent pas l’hivernage autour de Gourdon, du Bar-Sur-Loup, de Grasse, de Saint-Vallier de Thiey… et qui permettent de se former tout au long de l’année,
- et d’autres qui autorisent, dès le printemps, des cross d’anthologie de plusieurs centaines de kilomètres en traversant des paysages somptueux à la limite de parcs nationaux.
Le site de Bleyne, situé à 20 km, au nord de Grasse, est de ceux-là et on peut remercier Christian Durif d’en avoir vu le premier toute la potentialité, ainsi que saluer le talent du regretté Jean-Charles Balembois qui a su pleinement l’exploiter, comme d’autres grands noms du deltaplane : Richard Walbec, Gérard Thévenot, etc.
Je ne saurais trop vous recommander d’aller voir les traces de ces pilotes qui sont toujours disponibles dans les archives de la CFD sur le site de la FFVL.
L’année dernière, notre plus beau site local risquait de devenir impraticable à cause de son tremplin qui ne trouvait plus ses appuis, s’était couché et reposait, ici sur des tas de cailloux et là, sur des buissons…
Un gouffre s’était surtout formé en tête, contraignant à un premier pas dangereux, et son inclinaison visait, non plus la verte prairie en contrebas, mais bien plus sûrement la planche située juste en dessous.
C’était le mois de mars 2023, peu après notre AG, le constat d’urgence était fait entre nous, membres des clubs du DCBSL et membres des Ailes du Loup (bientôt tous réunis au sein de notre nouveau club du Deltazur… mais c’est une autre histoire), et si nous voulions sauver notre saison de cross, il fallait faire vite, très très vite…
La question se posait alors soit de le hisser et de le bricoler afin de prolonger sa vie d’au moins un an et de limiter les coûts des travaux, soit de le déposer intégralement et de revoir sa conception afin de le pérenniser pour des années.
C’est cette seconde option qui fût retenue mais non sans craintes ni réticences.
Ces travaux, nous aurions pu les faire en six jours pour pouvoir nous reposer le septième. Mais comme nous fûmes un peu dilettantes, le septième jour fût lui aussi ouvré : point de repos pour les braves que nous sommes !
Le samedi 18 mars fût consacré à la dépose de l’ouvrage existant et au tri des matériaux, car l’essentiel serait réemployé. À la fin de cette journée, nous vîmes à quel point la tâche devant nous était immense… sur ce terrain en pente, difficile d’accès… avec nos maigres ressources, nos peu de moyens et ces éléments de charpente qui pesaient le poids d’un âne mort… nous fûmes pris de regret et commençâmes à douter de pouvoir revenir sur le site cette saison…
S’ensuivit des échanges nourris afin de définir les principes, notamment celui des fondations, de la structure, de son contreventement afin d’imaginer les détails d’assemblage, de justifier la stabilité de l’ensemble par des notes de calcul avec la volonté que l’ouvrage puisse résister aux aléas cli-matiques et durer plus d’une décennie dans des conditions de sécurité optimales.
Un phasage de travaux et des méthodologies de mise en œuvre ont été définis et projetés sur un planning raisonnable afin de tenir compte de nos rares ressources humaines et de nos modestes compétences.
Ainsi, le samedi 25 mars nous nous sommes attelés à la réalisation de petits massifs de béton dans lesquels nous avons scellé des tiges filetées afin d’asseoir et de caler durablement les neuf poteaux en bois du tremplin.
Le samedi 8 avril nous avons mis en place et ajusté les poteaux puis posé les trois poutres trans-versales que nous avons clavetées à ces derniers avec des tiges filetées.
Les travaux continuent...
Le samedi 15 avril nous avons réalisé tous les éléments de stabilisation : les raidisseurs d’angle de la structure poteaux/poutres par équerrages et les tirants-poussants en tête des poteaux scellés dans la roche.
Le dimanche 23 avril nous avons mis en place les trois alignements de poutres longitudinales et réalisé ces liaisons avec des tiges filetées et des brêlages carrés.
Le samedi 29 avril nous avons confectionné le plancher d’accueil en partie haute du tremplin.
Enfin le samedi 13 mai nous avons blanchi le tablier avec de nouvelles planches de pin Douglas très épaisses, très chères mais faites pour durer longtemps.
Ce chantier aura finalement été réalisé en sept jours avec un effectif moyen d’environ six personnes pour un budget d’un peu plus de 1 600 € en fournitures et matériaux divers. Le plus gros poste de dépense aura été les 32 m² de planches de Douglas en 35 mm d’épaisseur, pour un montant de près de 1 000 €.
J’espère que ce beau travail d’équipe, qui a mobilisé nombre d’entre nous sur plusieurs jours, avec le souci du respect du lieu et de l’intégration du tremplin dans le paysage, vous donnera envie de venir (re)découvrir notre région de la plus belle des façons qui soit : vue du ciel dans le sifflement feutré de vos toiles tendues fendant l’air.
Je termine par quelques remerciements car, même s’ils sont humbles et discrets, ces travailleurs bénévoles exploités du week-end méritent d’être expressément cités, merci donc à :
- Marc Haenel qui, non seulement vole merveilleusement bien mais, de surcroît, perce, visse, soude, scie, tronçonne, ponce, meule, martèle, peint et porte dans à peu près toutes les positions du kamasutra et conditions climatiques et sans qui l’ensemble des travaux du club se-raient sinon impossibles, du moins infiniment plus laborieux et chronophages, et merci à tous les autres moins talentueux mais tout aussi dévoués à la cause :
- Georges Lévy,
- Pascal Boquillon,
- Guilhem Séranne notre nouveau DTE et toujours moniteur,
- Dominique Grosjean notre ex DTE et toujours moniteur,
- Jean-Louis Guymar,
- Jean-Marie Ivars,
- François Chapon,
- François Legat,
- Paolo De-Nicola,
- Nicolas Orand,
- Guillaume Gros,
- Alexandre Ferreira notre président (et double champion de France classe Sport !)
Alexandre Miquelis