Un concept bien établie
Le concept des matinées de découverte du delta est à présent bien établi. Il fut conçu au départ pour démystifier la machine, la faire découvrir au grand public et attirer de nouveaux licenciés. Sur ce point, l’objectif fut atteint.
Mais d’autres vertus firent leur apparition progressivement sans que l’on ne s’y attende vraiment…
Tout d’abord, une motivation très importante des pilotes licenciés à se former pour pouvoir encadrer ces séances. Dans une activité où le manque de moniteurs est cruel, la fonction d’animateur est apparue comme un tremplin pouvant inciter à continuer vers le monitorat fédéral.
Nous avons ensuite noté un intérêt certain de l’activité pour le public féminin. Très largement représentées dans les séances, les femmes composent souvent plus de 50 % des effectifs.
Mais le plus intéressant fut la dynamique enclenchée dans les associations. Certains clubs qui ne proposaient plus grand-chose en termes d’activité delta se sont remis en mouvement, parfois timidement mais toujours avec ambition.
Au fur et à mesure, chacun a fait évoluer le concept et y ajoutant non seulement ses propres spécificités mais aussi ses valeurs et sa volonté de s’intégrer au sein d’une politique citoyenne.
Le delta permet de lever des barrières
Au Delta Club d’Annecy et depuis la fin 2022, notre volonté a été d’assimiler nos journées de découverte dans un tissu social actif.
Tout d’abord en direction de la jeunesse en difficulté en intégrant dans nos séances quelques jeunes résidents de la fondation des apprentis d’Auteuil, nous avons ensuite prospecté afin de toucher d’autres publics. Il était important pour nous de mettre en avant le fait que le delta pouvait être une activité valorisante permettant de lever des barrières, des blocages et des appréhensions causés par des traumatismes de vie.
C’est dans ce cadre que nous avons rencontré l’association OSTARA.
Il s’agit d’une association d’accompagnement qui vise à promouvoir l’égalité femmes/hommes et à lutter contre toutes les violences faites aux femmes, à savoir le sexisme, la culture du viol, et les rapports de domination. L’association prend ainsi en compte toutes les spécificités et demandes des femmes accompagnées afin de pouvoir travailler sur leurs difficultés.
La rencontre avec Elsa, éducatrice spécialisée et salariée de l’association, a permis de poser les bases du projet. Il a fallu dans un premier temps expliquer nos motivations, affirmer nos convictions sociales et notre volonté d’engager notre activité dans un démarche citoyenne. Il a fallu aussi que nous puissions admettre le fait de monter une séance de découverte sans jamais avoir de contact avec les stagiaires que nous allions prendre en charge, le respect de l’anonymat et la confidentialité la plus stricte étant la base du suivi de l’association.
Il fallut donc briefer l’équipe éducative sur les impératifs de l’activité, sur les qualités physiques minimales requises, sur le déroulement étape par étape de la séance et sur les mots judicieux et positifs à utiliser pour motiver les troupes.
Mission accomplie
Nous pouvons affirmer aujourd’hui qu’Elsa et Celia ont parfaitement accompli leur mission. Elles ont sélectionné des personnes motivées en expliquant précisément les enjeux de la séance. Et elles ont choisi celles pour qui l’action allait être le plus bénéfique.
Du côté du Delta Club d’Annecy, il fallut aussi présenter et expliquer le projet pour en démontrer l’intérêt et l’impact. Présenté en comité directeur pour validation, l’adoption ne fut pas un problème, mis à part quelques remarques sceptiques vite dissipées.
Essentiellement masculine, l’équipe d’animateurs fut consciencieusement briefée en insistant bien sur le fait qu’aucune maladresse verbale ne pouvait être tolérée dans ce cadre spécifique et avec ce public précis. Des pilotes féminines furent sollicitées pour venir assister à la séance et notre amie Lison, monitrice fédérale au Delta Club du Haut-Jura, ne se fit pas prier pour venir nous aider.
Jérôme, directeur technique de l’école du club, nous apporta son expertise pédagogique pour parfaire cette séance.
Sept femmes accompagnées de Celia, psychologue de l’association, se présentèrent donc dans les locaux du club le 6 avril 2024 à 8 h 30.
Un petit-déjeuner copieux composé de produits bio fut proposé pendant l’établissement des licences-découverte.
L’objectif habituel de décoller les pieds du sol n’était pas fixé. Ce qui nous importait était qu’elles profitent de ce moment de plaisir, découvrent qu’elles pouvaient faire des choses jusque-là insoupçonnées et qu’elles puissent rapporter chez elles de la confiance et de la valorisation.
En ce sens la séance fut une réussite. Et si on ajoute que trois d’entre elles montèrent jusqu’au trois quarts de la pente et s’affranchirent de la gravité dans une aérologie pas forcément favorable, nous pouvons nous permettre de valider positivement notre action.
Pour ma part, je n’oublierai pas ce beau moment de partage, à la fin de la séance, autour d’une collation composée de produits régionaux achetés auprès de petits producteurs locaux.
Et quel plaisir de recevoir, trois jours après, un appel téléphonique de Charlotte, l’une des participantes qui m’annonça s’inscrire à l’un de nos prochains stages d’initiation !
Stéphane Trémelet, président du Delta Club d’ Annecy.
« Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait mais ils n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir » (Maya Angelou, romancière, poétesse et dramaturge américaine).