Achille, Jean-Mi et les autres membres d’Archiplumes s’étaient pourtant décarcassés. L’énorme remorque pouvant contenir 36 deltas, tirée par un tracteur, était prête ; les autorisations étaient là ; le décollage avait été testé par plusieurs pilotes de différents niveaux ; le barnum avait été monté à côté de l’atterrissage… Le site de Val Louron était prêt. Mais il est une chose que la formidable équipe de bénévoles ne pouvait contrôler, c’était la météo.
Dans les Pyrénées françaises, c’est bien connu de tous les pilotes depuis longtemps, l’obstacle rédhibitoire est le vent du sud.
Dans la mythologie grecque, Zeus donna à Éole le rôle de maître et de régisseur des vents. Si le Français Clément Adler réussit le 9 octobre 1890 l’exploit de faire décoller pour la première fois un engin plus lourd que l’air nommé par son concepteur « Éole » (un premier vol de 50 m à 20 cm au-dessus du sol !), un autre Éole, dieu des vents, s’acharnera à interdire aux 65 pilotes inscrits à l’Open de France delta 2023 le vol côté français des Pyrénées. Et cette très mauvaise plaisanterie durera une semaine.
Les prévisions météo étant à notre époque assez fiables, c’est avec une réactivité remarquable que les organisateurs décidèrent de déplacer la compétition côté espagnol de la frontière, sur le site d’Ager, très adapté aux compétitions delta. Mais le déplacement est long (plus de 3 heures 30 de route), et met à mal l’intendance des pilotes et de l’organisation. L’idée initiale était de proposer deux manches à Ager, puis de revenir en France. Mais, vous l’avez compris, Éole n’a pas voulu coopérer cette année et c’est ainsi que, pour la première fois de l’histoire des championnats de France delta, toutes les manches d’un championnat national se sont déroulées hors de France.
Laurent Thévenot, membre de l’équipe de France, disait après la deuxième manche qu’il y avait dans le ciel comme une sorte de grillage qui arrêtait la majorité des pierres que l’on lançait en l’air, mais que certaines avaient la chance de passer entre les mailles du grillage. Cette amusante métaphore avec les thermiques illustre ce que furent les quatre manches de cet Open de France. Avec des plafonds relativement bas pour Ager, il fallait se montrer persévérant et ne jamais désespérer. Les points bas furent légion et rares sont les pilotes qui ont réussi à bien se placer dans toutes les manches (aucune manche à 1 000 points et aucun pilote ne faisant tous les buts).
À ce petit jeu, nos amis tchèques, qui profitaient de cet Open de France pour faire le championnat de Tchéquie, furent indiscutablement les plus réguliers et les plus patients. Emmenés par le très expérimenté Dan Vynhalik (Dan a participé aux mondiaux d’Ager de… 1995 !) les Tchèques occupent les trois premières places du podium en Open. Bravo à eux !
Côté français, malgré une deuxième manche un peu difficile, le très régulier Mario Alonzi arrive en tête et valide ainsi son quatorzième titre de champion de France. Un grand bravo ! Il est suivi de Laurent Thévenot, bien parti mais victime des effets du grillage dans la dernière manche et de Christian Pollet, victime lui d’une étonnante illusion sonore dans la première manche (lui faisant penser qu’il avait validé une balise alors que ce n’était pas le cas !).
Notons enfin le niveau très relevé cette année de la classe Sport (delta avec mât), qui voit Alexandre Ferreira (France) sur la plus haute marche du podium, suivi de Roberto Nichele (Suisse) et de Baptiste van Zijl (France). La relève.
Archiplumes, le club organisateur, avait parfaitement fait les choses et toutes les cérémonies, la remise des trophées, la soirée festive… ont bien eu lieu en France, dans le Val Louron, dans une ambiance détendue et très amicale. La dernière manche, annulée le vendredi, fut même l’occasion pour certains pilotes de monter gratuitement en télésiège admirer la vue au décollage de Peyragudes, qui aurait dû être le principal point de départ de la compétition.
Une petite vidéo de deux minutes réalisée à mi-compétition (merci à Ben Vallet pour le montage en un temps record !) :
Achille, le président d’Archiplumes, au violon lors de la soirée festive :
Photos, comptes rendus de manches par les pilotes, portraits, poésie… ici
Et pour revivre les manches sur le suivi GPS… ici
Utiliser le bouton « Playback » dans le bandeau bleu en haut, sélectionner le 9 juillet à 14 h pour la première manche (il faut parfois faire l’opération deux fois pour que cela fonctionne).
Alain Etienne, Cédric Estienne