Acheter une voile d’occasion ?
Vous envisagez d’acheter votre première voile, d’acquérir une voile plus performante ou tout simplement de renouveler votre matériel ? Aujourd’hui les sites spécialisés et les réseaux sociaux regorgent d’offres plus ou moins alléchantes proposant à la vente entre particuliers des parapentes d’occasion. Compte tenu du prix du matériel neuf, l’achat d’une voile d’occasion peut être une solution pertinente si le matériel acheté correspond bien à vos besoins et si le rapport état du matériel/prix est intéressant économiquement. Bien évidemment, un vendeur peu scrupuleux va vous dire que sa voile est en excellent état, n’a que peu volé, a été entretenue parfaitement, a été stockée à l’abri des rayons UV, n’a jamais vu le sable et n’a jamais fait de SIV ni d’acro… Dans le « maquis » de la revente qui a rapidement reproduit tous les défauts du marché de la voiture d’occasion, comment s’y retrouver ?
Avant de rechercher une voile il vous faut bien définir la catégorie ou homologation recherchée. Voile certifiée EN (A – B ou B+ – C – D), voile de compétition, voile d’acro, mini voile ? Restez objectif dans ce choix et n’écoutez pas le chant des sirènes qui vous disent qu’une voile un peu au-dessus de vos compétences techniques vous permettra de progresser plus vite… c’est faux et accidentogène ! Seule une voile correspondant bien à votre niveau de pilotage vous permettra de réaliser les performances à la hauteur de vos ambitions. Une fois la catégorie arrêtée, il vous faudra choisir quelques modèles pouvant correspondre à vos attentes. La presse spécialisée et les sites Internet fourmillent de tests qui vous aideront à mieux cibler votre recherche. Le travail de tri dans les annonces pourra alors commencer…
Le meilleur conseil que l’on peut donner est d’être extrêmement rigoureux. Dans ce domaine, les recommandations fédérales ne sont qu’un minimum. Si la voile proposée à la vente n’a pas fait l’objet d’une révision périodique ParachecK®, fuyez, quel que soit le prix proposé ! En effet, ParachecK® est aujourd’hui une charte de qualité, fruit de plusieurs années de travail entre la FFVL et un grand nombre de professionnels référents dans ce domaine, qui ont bien voulu s’y investir. Elle définit précisément les tâches de vérification à effectuer, la liste les résultats des mesures à fournir dans le rapport de révision et surtout elle harmonise la valorisation des résultats selon un algorithme précis. Il apparaît alors, sur le rapport de révision, une évaluation de l’état global de la voile standardisée. Les résultats obtenus sont donc comparables entre les ateliers adhérant à ParachecK®. Les rapports de révision autres que ParachecK® souffrent d’une absence de référentiel clair et précis, ce qui incite à n’accorder que peu de confiance aux évaluations exprimées.
De la même manière, si le rapport n’est pas récent (moins de trois mois), passez à l’annonce suivante… car vous n’aurez aucune assurance sur ce que la voile à vécu pendant la dernière période alors que l’idéal serait d’avoir la certitude que la voile n’a pas volé depuis la révision.
Si vous disposez d’un rapport de révision périodique ParachecK®, il va maintenant falloir le décrypter un peu. Tout d’abord, il faut prendre en considération l’état général de la voile. Cette valeur est la valeur la plus faible découlant de l’inspection visuelle et de l’inspection mécanique en supposant que l’inspection géométrique (appelée aussi calage) soit OK. Cette valeur s’exprime selon six niveaux différents : « Neuf », « Très bon état », « Bon état », « État acceptable », « État limite » et « Réforme ». Sachant que vous n’achetez pas une voile neuve et que vous n’êtes pas suffisamment stupide pour acheter une voile à l’état de réforme, il n’y a plus que quatre cas à considérer :
· La voile est en « très bon état » et la couleur vous convient. Discutez le prix en fonction du marché, de l’âge de la voile, des accessoires fournis…
· La voile est en « bon état », le prix sera alors un peu plus bas que pour une voile en très bon état.
· La voile est en état « acceptable » ; il vous faut alors regarder attentivement et comprendre les raisons de cet état, donc rechercher le ou les maillons faible(s). Le détail des inspections mécaniques vous précisera la porosité, la résistance du tissu à la déchirure et la résistance des suspentes. Il vous faut comprendre si la mise en place d’un cône neuf pourra, à terme, remonter l’évaluation de la voile. N’hésitez pas à contacter votre atelier ParachecK® en lui montrant le rapport pour obtenir des précisions ou des conseils.
· La voile est en état « limite ». Soyez vigilant mais dans le cas où l’état limite provient uniquement de la résistance des suspentes à la rupture, la mise en place d’un cône neuf peut permettre de remonter l’état général à acceptable, voire au-dessus. Dans ce cas, et seulement dans ce cas, vous pourrez peut-être réaliser une bonne affaire en négociant le prix et en prévoyant de remplacer très vite le cône de suspentage car l’échéance est courte. Dans tous les autres cas fuyez !
L’état global de la voile permet de définir l’échéance de la prochaine révision périodique Paracheck® qui est atteinte à la première échéance d’une durée ou d’un nombre d’heures de vol :
· si l’état global est LIMITE, 3 mois ou 25 heures ;
· si l’état global est ACCEPTABLE, 1 an ou 50 heures ;
· si l’état global est BON, 2 ans ou 100 heures, sauf contradiction avec le manuel de vol de la voile concernée ;
· si l’état global est TRÈS BON, 2 ans ou 150 heures, sauf contradiction avec le manuel de vol de la voile concernée.
On comprend aisément qu’il est préférable d’acquérir une voile en bon ou très bon état. Si l’état global est acceptable, il faut bien négocier le prix.
Comme pour une voiture, dans tous les cas, faites au moins un essai, observez et inspectez tout à la recherche de défauts potentiels.
Vous devez aussi vous prémunir contre les petits malins qui tentent de vendre une voile en confectionnant numériquement de faux rapports de révision. C’est heureusement rare mais cela s’est déjà vu ! En cas de doute, vous pouvez vérifier la véracité du rapport en contactant l’atelier indiqué sur le rapport et si l’on a tenté de vous tromper, merci de le signaler à l’atelier et à la FFVL.
Si tous ces éléments vous paraissent trop compliqués, un nouveau service professionnel répondra peut-être mieux à vos besoins : la voile du vendeur fait l’objet d’une révision périodique ParachecK® ; le prix de vente est défini sous contrôle de l’atelier ; la voile est stockée et ne peut plus voler après sa révision ; l’acheteur bénéficie d’une garantie sur l’état global de la voile. Nous soulignons cette initiative intéressante. Elle permettra peut-être, à terme, de mieux structurer le marché du parapente d’occasion.